Séparation de corps… nous avions un choix à faire
pour cette partie du parcours, et nous avions des envies divergentes. Donc ce
matin nos routes se séparent. La montagne pour Christiane et Patrick. La mer et
ses fjords pour nous. François préfère éviter des pistes annoncées
cassantes, pour garder notre camping-car en bonne santé avant son départ pour
l’Amérique du sud.
Stop à la ferme traditionnelle de Glaumbaer.
Curieuse construction entièrement en tourbe. Elle date du 17ème. Les
toits sont végétalisés. Les fenêtres se perdent dans cette végétation.
D’immenses couloirs desservent les différents corps de bâtiment dont
l’intérieur est entièrement en bois. Confortable installation, mais quelle
rudesse au dehors avec les monts enneigés en face même en plein juillet.
Dans le cimetière attenant, une sculpture marque la
tombe de Snorri célèbre islandais qui fut le 1er homme de race
blanche né aux Amériques.
Rien que de la tourbe |
A Sandardrokkur dans le fond du fjord d’après, nous
rendons visite au magasin d’usine de la seule tannerie d’Islande. Tannerie
toute particulière puisque, en plus des peaux de moutons, elle traite les peaux
de poissons pour faire du galuchat. Des peaux de toutes les couleurs et de
poissons différents finissent en pochettes, cravates, porte-monnaies, sacs,
bracelets et pendentifs. Oups ! Qualité pas haut de gamme, mais le prix
oui ! Pour exemple, la cravate ou le porte-cartes à 200 €… nous les
avons délicatement reposés dans les présentoirs. Au revoir…
Du coup on fait un tour à la mer. Elle est partout
ici. Quel gâchis ces eaux si belles, ces plages si longues, ce sable si blond
par endroit… sans aucun estivant, sans aucun baigneur, sans enfants, sans
ballons, sans châteaux de sable.
Nous remontons vers le nord, au cœur d’une large
vallée, pour une visite à la Cathédrale d’Holar. Nous attendions une
« vraie » cathédrale. Au lieu de ça, nous découvrons une minuscule
église qui pourtant porte ce nom réservé chez nous à de grandioses édifices.
Petite église mais grande histoire, qui date, puisqu’un évêché y a été fondé
dès le 11ème siècle. Elle
recèle aujourd’hui des joyaux très anciens : fonds baptismaux en stéatite
du 17ème, retable en bois doré du 16ème, un autre en
albâtre du 15ème et même une des premières bibles en islandais
imprimée au 16ème ! Riches et précieux objets.
La route qui suit est quasi déserte. Tiens, on
vient de couper le 66ème parallèle ; le cercle arctique n’est pas
bien loin. Nous arrivons à Siglufjördur par un tunnel à une seule voie, étroite et
extrêmement sombre. Quelques espaces permettent les croisements. Et voilà, deux véhicules face à nous. C’est à eux de faire la marche arrière. Inquiétant dans
ce trou noir.
C’est ça aussi l’Islande. Ici presque tous les
ponts sont à une seule voie. Le 1er arrivé passe. Les autres attendent
en face patiemment, et tout se passe très courtoisement.
Visite express au Musée National du hareng, because
c’est presque l’heure de fermeture. Le hareng donc, a été la ressource
principale de Siglufjordur entre 1900 et les années 60. Dans la ville,
10 000 ouvriers et marins participaient à cette économie florissante.
Mais, mais, à trop en vouloir, le hareng, il a pas
aimé. La ressource s’est épuisée. Plus rien. Du coup, la ville et le port sont
beaucoup moins agités. Les photos d’époque nous montrent la ruée que cette
pêche avait engendrée.
L’usine de production d’huile et de farine, les locaux qui servaient à saler le poisson et
à le mettre en barriques pour le transport ainsi que le bâtiment où l’on
produisait l’électricité pour tout ça… sont maintenant devenus musée. Il
y a même un nouveau hangar qui a été bâti autour d’un appontement où quelques
bateaux de pêche vont finir leur vie.
La roue tourne…
Nous profitons de ce fjord tranquille pour un
bivouac en hauteur, avec vue sur la ville et le port.
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EXTRAIT
DE L’ESCAPADE DE CHRISTIANE ET PATRICK A KERLINGARFJOLL
La piste fût
caillouteuse. Tôle ondulée sur 80 km. Mais si c’était à refaire, il faudrait le
refaire, car tout au bout, attention, spectacle formidable : fumerolles,
borborygmes, rivière bouillonnante, sables de couleur ocre, bleue, noire…
neige blanche posée sur des carrés d’herbe verte. Symphonie des couleurs sur
fond de glacier et de pics enneigés. Merveilleuse ballade.
Au retour,
halte à la croisée de deux pistes. Seul endroit où nous pourrons passer la nuit.
Ailleurs, l’arrêt est interdit pour protéger la flore polaire, si difficile à
s’implanter.
Féérique |
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